La Famille Grignon de Sainte-Adèle

La Famille Grignon

Source : Langevin-Lacroix, E. (1927). Histoire de la Paroisse de Sainte-Adèle.


Wilfrid Grignon (1854-1915)

On l’a surnommé le « colosse souriant au teint vermeil ». En référence à son amour des Laurentides, le ministre de l’agriculture Joseph Beaubien disait de lui en 1894 : « Cet homme a été mordu par le curé Labelle ». Le docteur Wilfrid Grignon fut l’homme-orchestre de Sainte-Adèle : en plus de son métier, il se passionnait pour l’agriculture, la politique, la pêche, l’actualité et la colonisation.

Maire de 1886 à 1892, puis de 1899 à 1904, Wilfrid Grignon œuvre pour l’amélioration des routes, la construction des premiers trottoirs, de l’aqueduc et des égouts. Il se dépense sans compter pour attirer les investisseurs, et convainc notamment la papetière Rolland de s’installer dans la municipalité.

Le Petit livre d'or du Dr Wilfrid Grignon

Outre les articles qu’il publie dans les journaux laurentiens à titre de correspondant, il fait paraître des annonces dans les quotidiens montréalais pour vanter les beautés naturelles de Sainte-Adèle. Les touristes ainsi appâtés – parmi lesquels Henri Bourassa – peuvent louer l’une des huit maisons du docteur Grignon,  ou encore celles de ses concitoyens.

Le docteur Grignon n’en désire pas moins aider ses semblables ; à preuve son Petit livre d’or, un traité de médecine vétérinaire qu’il écrit à l’usage des colons sans accès aux services d’un spécialiste. Avec son fils Louis, il ouvre une pharmacie vétérinaire à Mont-Laurier. Il transforme sa propre exploitation agricole en « ferme modèle », participe à l’amélioration des races chevalines et bovines, prononce des conférences, et tâche d’enseigner les cultures nouvelles aux agriculteurs.

Il s’éteint à Sainte-Adèle en 1915, à l’âge de 61 ans.
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Photo : La première page du Petit livre d’or du Dr Wilfrid Grignon.

Source : Enregistré conformément à l’acte du Parlement du Canada au bureau du Ministre de l’Agriculture, en 1903.

Claude-Henri Grignon (1894-1976)

Né Eugène-Henri, il est le cadet des neufs enfants du couple Wilfrid Grignon et Eugénie Baker. Son caractère assumé se révèle rapidement lorsque, après avoir interrompu ses études classiques au collège de Saint-Laurent, il renonce à la carrière de médecin, puis à celle d’agronome auxquelles le destinait son père. Il poursuit sa formation en autodidacte, par la lecture des classiques de la littérature française. Déjà sa décision est prise : il vivra de son écriture.
             
Sa vocation se réalise pleinement à son retour à Sainte-Adèle, après un intermède de 14 ans passé à Montréal. Ses Pamphlets de Valdombre, journal de critique politique et littéraire publié de 1936 à 1943, donnent la mesure de son talent de polémiste, et du « journalisme de combat » auquel il souhaitait.
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Photo : Maison natale, [années 1960] / Photographe : Roger Lamoureux.

Source : Société d’histoire de la Rivière-du-Nord, Fonds Claude-Henri Grignon.

Claude-Henri Grignon et le curé J. Arsène Aubin

C’est toutefois grâce au roman Un homme et son péché (1933) que Claude-Henri Grignon marquera l’imaginaire collectif québécois. Il y raconte l’histoire de Séraphin Poudrier, paysan avaricieux et usurier qui, à l’époque de la colonisation des Laurentides, s’enrichit aux dépens de ses concitoyens.

Le roman survient au pire de la crise amorcée par l’effondrement boursier de 1929. La population des campagnes, réduite à la subsistance, migre vers Montréal où plus du tiers des ouvriers sont sans travail. Dans ce contexte de domination économique par des agents extérieurs, Séraphin incarne le « banquier », inflexible parce qu’orienté vers le seul profit.  La société canadienne-française répond à ce sentiment de dépossession par le repli dans ses valeurs traditionnelles : langue, foi, famille, campagne; soit les mêmes valeurs qu’incarneront les personnages de Claude-Henri Grignon durant toute sa carrière.

L’œuvre connaîtra par la suite de multiples adaptations au succès retentissant. De 1939 à 1962, à raison d’un quart d’heure, cinq fois par semaine, les Québécois suivront passionnément dans un feuilleton radiophonique. Quant à la série télévisée Les belles histoires des Pays-d’en-Haut, qui débute quatre seulement après la naissance de la télévision, elle tiendra l’antenne de 1956 à 1970. Elle sera rediffusée à cinq reprises entre 1972 et 1989.
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Photographe : R. Gariépy.

Source : Pays-d’en-Haut, [avant 1955] / Société d’histoire de la Rivière-du-Nord, Fonds Claude-Henri Grignon.

The Cedars Sainte-Adèle

Source : Collection de la Société d’histoire et de généalogie des Pays-d’en-Haut, 46-01-73c

Traineau dans la montée, Saint-Adèle

Source : Collection de la Société d’histoire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et d’Estérel

Crédits

Rédaction, recherche historique et iconographique :
Marc-André Lapointe et Samuel Mathieu

Sources : Michèle Dubuc, Sainte-Adèle à travers le temps, 1842-2005. Éditions Sainte-Adèle, 2005 ; Serge Laurin, Histoire des Laurentides, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989 ; Pierre Grignon, préface à Séraphin, Nouvelles histoires des Pays-d’en-Haut, Québec Amérique, 2013 ; Antoine Sirois et Yvette Francoli, préface à Un homme et son péché, Les Presses de l’Université de Montréal, 1986 ; Serge Laurin, Histoire des Laurentides, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989.

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Grands développeurs des Pays-d'en-Haut

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Présenté par : MRC des Pays-d'en-Haut

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