Le Penguin Ski Club

6 Av. de la Gare

Source : Logo du « Penguin Ski Club » créé par Elizabeth Kemp en 1934. Il représente la rondelle d’un bâton de ski, faite en rotin dans les années 1930, sur lequel est superposé un pingouin.


Le club

Nous sommes à l’hiver 1932 et, depuis quelques années, les trains de neige du Canadien National et du Canadien Pacifique déversent aux gares de Saint- Sauveur et de Piedmont des milliers de jeunes qui vont se lancer à l’assaut des pistes de ski nordique et dévaler les pentes de la vallée. C’est à cette période qu’un groupe de jeunes femmes de Montréal décident de créer leur propre club de ski à Saint-Sauveur. Leur but : améliorer leurs compétences dans la pratique du ski alpin pour exceller dans les compétitions.

Fondé par Betty Sherrard et ses amies, le Penguin Ski Club est le premier club féminin de ski au Canada. Le nombre de recrues est limité et fonctionne sur invitation. Les brillantes performances de ses membres vont rapidement le faire connaître, tant sur la scène nationale qu’internationale. L’évolution du club est d’ailleurs suivie de près grâce à la chronique sportive du Montreal Star écrite par Myrtle Cook (1902-1985), une grande athlète canadienne. Cette exposition médiatique aidera à populariser le ski de compétition auprès de la gent féminine et à faire évoluer les mentalités sur les femmes et le sport.


Des compétitrices de haut niveau

Des compétitrices de haut niveau [rangée du haut de gauche à droite]: Margaret Burden Brunneau, Jean Staniforth Bennett, Joan Tyler, Joey Abbey, Nora Newman, ?, Lorna Meagher Casgrain, Beverly Mace, Claire Fisher [rangée du bas de gauche à droite]: Peggy Orr, Lilly Elder Taylor, Rhoda Wurtele Eaves, Jane Bishop, Nancy Mckean, Dorothy Burden Reid, Joan Erzinger, Barbara Wickes Foster, Barbarra McTaggart & son Donald, Alice Johannsen, Peggy Johannsen, Margaret Russell, Betty Capon.

Photographie prise par Rhona Wurtele Gillis 1943 ; CSHFM Collection


Détermination et passion

La détermination et la passion habitent les membres du Penguin Ski Club. Au fil des compétitions, des étoiles émergent, comme Pat (Patricia) Paré, dont la performance au Mont Tremblant fait la manchette du New York Times le 22 janvier 1940.

« L’une des skieuses les plus habiles d’Amérique du Nord, Mlle Pat Paré, du Penguin Ski Club, a réussi aujourd’hui ce qu’aucune autre femme n’a pu accomplir cet hiver. La championne provinciale de descente et de slalom, âgée de 20 ans, a dévalé le parcours standard d’un mille dans le temps étincelant de 2:15 pour remporter la médaille d’or tant convoitée. »

Cette même année, Patricia Paré devient la première instructrice de ski alpin à la demande de Joe Ryan, millionnaire américain et propriétaire du complexe hôtelier du Mont Tremblant. Un choc pour l’alliance des instructeurs de ski, qui excluait alors les femmes. Vingt ans plus tard, Paré prend la direction de la station du Mont Sauvage à Val-Morin et en fait une station de ski familiale très appréciée.


Des olympiennes

Rhoda Wurtele, Lucile Wheeler et Rhona Wurtele.

Les victoires du Penguin Ski Club encouragent les jeunes femmes à se lancer sur les pentes raides. C’est le cas des jumelles Rhona et Rhoda Wurtele, qui rejoignent le club à la fin de leurs études secondaires.


Les jumelles Rhona et Rhoda Wurtele

Elles sont déjà des championnes de tennis et de natation. Leurs progrès en ski sont spectaculaires, les « flying twin » remportent dès le début des années 1940 plusieurs compétitions contre des skieurs et skieuses plus expérimentés.

En 1948, elles participent aux Jeux olympiques à Saint-Moritz en Suisse et en 1952 à Oslo en Norvège. Mais c’est aux Jeux de 1956 en Italie qu’une première médaille olympique canadienne en ski alpin est remportée par une autre membre du club, Lucile Wheeler, qui récolte la médaille de bronze en descente. Elle remporte également deux médailles d’or et une d’argent aux championnats du monde d’Autriche en 1958.

Pendant ce temps, à Saint-Sauveur, le club organise des épreuves spéciales pour les jeunes filles et des épreuves intercollégiales avec le club Red Birds, composé de jeunes hommes récemment diplômés de l’Université McGill.


Dimitri von Leuchtenberg

Les membres du Penguin Ski Club s’entraînent auprès d’un instructeur renommé à Saint-Sauveur, le duc Dimitri von Leuchteberg. Son enseignement est basé sur la méthode Arlberg, une technique autrichienne inventée autour de 1910 par le skieur le plus rapide d’Europe, Hannes Schneider.


Aristocrate russe exilé

Le duc Dimitri est un aristocrate russe exilé avec sa famille en Amérique dans les années 1920. C’est un cavalier et un skieur remarquable, un grand amoureux du plein air. Il a tracé des pistes de ski aux États-Unis et dans les Laurentides et a enseigné la technique Arlberg à Franconia au New Hampshire. 

En 1938, il achète de son cousin, le marquis Nicolò degli Albizzi, la pension située au 200, rue Principale où ce dernier recevait de riches personnalités. Après avoir été instructeur indépendant le duc fonde une école de ski à Saint-Sauveur, la première certifiée par l’Association canadienne du ski amateur.

À la fin des années 1930, d’autres personnalités du ski alpin européen se retrouvent au Canada et aux États-Unis, déplacées par la Deuxième Guerre mondiale, et leur présence dans les Laurentides contribue grandement au développement du ski au pays.


Le chalet du club

Chalet du Penguin Ski Club
Collection Rhoda Wurtele

Après quelques années de location de chambres exigües aux lits inconfortables, le club se voit offrir par de généreux donateurs, John Henry et Herbert Molson, un chalet construit spécialement pour le même club sur une de leurs terres. 

L’architecte

Il est conçu par l’architecte Alexander Tilloch Galt Dunfort qui a dessiné la résidence cossue de Mary Dorothy Molson, aujourd’hui propriété de la communauté urbaine de Montréal. Le chalet comporte une salle spécialement équipée pour le rangement des skis et leur fartage, un salon avec foyer, une cuisine et sept chambres avec lits superposés pour un total de 24 lits.

Il est inauguré en 1939, mais le club ne l’occupera qu’un an plus tard. Il servira, entre-temps, de logement pour les jeunes réfugiés anglais que leurs parents envoient au Canada alors que la guerre commence.

Le chalet est entièrement meublé par les Molson avec un souci du détail, comme l’emblème du club au-dessus du foyer et les 24 brosses à dents sur leur support dans la salle de bain. Une réserve de charbon pour trois ans est aussi fournie.

Le chalet devient le cœur du club et son maintien apporte un sens de responsabilité chez les jeunes femmes ainsi qu'une solidarité infaillible entre elles, dira Betty Kemp. Trente-quatre ans plus tard, elles doivent malheureusement s’en séparer. Le bâtiment sera détruit par les flammes au début des années 1990. Le club cesse officiellement ses activités en 1982 et en 1991, il est intronisé au Temple de la renommée du ski des Laurentides.

Extrait de
Histoire de Saint-Sauveur - D'hier à aujourd'hui

Histoire de Saint-Sauveur - D'hier à aujourd'hui image circuit

Présenté par : Ville de Saint-Sauveur
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