Le panorama qu’offre la municipalité de Rivière-Éternité ne pourrait être aussi impressionnant sans les Caps Trinité et Éternité.
Le toponyme « Trinité » apparait avant la colonisation du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Déjà, en 1732, l’arpenteur Laurent Normandin identifie sur une carte le nom de « Cap Trinité » ou « Cap de la Trinité ». En 1744, le cartographe Nicolas Bellin identifie le toponyme Heregachitgs en innu ou « La Trinité ». Selon Arthur Buies, le nom du Cap Trinité lui vient de sa formation géologique constituée de trois caps.
C’est vers 1840 qu’apparait le toponyme « Eternity » sur une carte commandée par William Price & Co. Sur cette carte, on indique « l’Eternity Bay » qui se trouve entre les Caps Trinité et Éternité. Victor Tremblay, prêtre et directeur de la Société historique, suppose en 1937 que le nom « Éternité » pourrait avoir été introduit par accident sur les cartes, à la suite d’une confusion entre les langues et le manque d’instruction des gens qui fréquentaient les lieux.
En 1880, Arthur Buies fait la description des Caps Éternité et Trinité :
« Aucun rocher, parmi tous ceux dont la bordure violente et tourmentée fatigue les eaux qui la caressent et dont les cimes sourcilleuses se penchent sur le Saguenay en l’intendant de leurs ombres, n’égale en étrange et formidable majesté les deux caps dont les noms seuls éveillent dans l’imagination le sentiment d’une grandeur exceptionnelle, d’une sublimité souveraine. Ces deux caps sont ceux de l’Éternité et de la Trinité, géants des monts qui plongent à près de mille pieds de profondeur dans la rivière et qui s’élèvent tout droit de cet abîme jusqu’à une hauteur de quinze à dix-huit cents pieds, comme si les entrailles de la Terre, fatiguées d’un pareil fardeau, les avaient rejetées d’un seul coup avec fureur. Le Cap Trinité est plus haut que son frère jumeau, mais il s’est quelque peu adouci sous la main des âges et il a laissé une épaisse chevelure de sapins couronner en paix son front et descendre sur ses flancs creusés de rides profondes. Il a une forme à peu près régulière et non pas le torse ni l’encolure violente du Cap Trinité, qui semblent vouloir à toute heure déclarer la guerre aux éléments. Et n’arrive à lui qu’après avoir vu défiler devant soi tout un rang de rochers abrupts, jetés en désordre sur le front de bataille, dressés à pic et qui paraissent placés en ligne comme pour essuyer le premier choc, pour recevoir la formidable averse des cieux irrités… »
Vers la fin du 19e siècle, les imposants Caps Trinité et Éternité deviennent des objets d’inspiration et de fascination pour les peintres et les photographes de passage qui les immortalisent en dessin, en photographie et en peinture. Avec l’âge d’or de la carte postale, entre 1900 et 1920, ces deux pics rocheux connaissent une grande notoriété.