La Goodyear

Du textile pour les pneus

Source : Vue de la façade de la Goodyear au cours des années 1960. Fonds CH085, Studio B.J. Hébert, photographe.


The Manhasset Cotton Compagny (1920-1926)

Au tout début de l’année 1920, le maire de Saint-Hyacinthe, Télesphore-Damien Bouchard, parvient à convaincre des investisseurs étrangers en provenance de l’Angleterre d’implanter une usine de textile à Saint-Hyacinthe. 

En plein hiver le chantier est lancé : on construit un bâtiment de 61 par 35 mètres qui s'élève sur trois étages. Au cours des travaux, les propriétaires ajoutent à l’infrastructure un immense entrepôt de 95 sur 37 mètres, facilement reconnaissable étant donné sa toiture à redans (en forme de dent de scie). 

D’ailleurs, du côté de la rue Laframboise, on aperçoit encore aujourd’hui un muret de ciment qui constituait une partie de l’assise de ce bâtiment.  

Photo : Le bâtiment vers 1926. Fonds CH085, Studio B.J. Hébert, photographe.


Le fameux toit à redans

Photo : Le toit à redans de la Goodyear au cours des années 1990. Fonds CH366, Jacques Fiset.


La Goodyear (1926-1991)

En 1926, l’usine de la Manhasset est rachetée par une compagnie concurrente : la Goodyear, elle aussi spécialisée dans la fabrication de textile. À peine trois ans après son installation, Goodyear décide d’agrandir le site en entreprenant la construction d’une nouvelle aile de 124 par 43 mètres. 

La rallonge, communément appelée par les employés « la partie neuve », vient presque doubler la superficie totale de l’usine. En 1991, après 65 années d’existence, la Goodyear, dont les affaires ne vont plus très bien au Canada, ferme définitivement ses portes à Saint-Hyacinthe.   

Photo représentant un employé de la Goodyear en 1970 : Fonds CH548-A, Raymond Bélanger, photographe.


La démolition

En 1995, l’usine est rachetée par un promoteur immobilier qui décide de la démolir en conservant toutefois l’entrepôt avec le toit à redans, afin de contribuer au développement urbain du quartier Bourg-Joli. 

En 2014, le coup de grâce est porté à l’ancienne usine de la Goodyear lorsque tout ce qui reste de l’entrepôt est démoli. Ce bâtiment à l’architecture unique à Saint-Hyacinthe a fait partie du paysage pendant près de 94 ans.   

Photo : Une vue de l'usine en 1997. Fonds CH366, Jacques Fiset.


La manufacture en vidéo

Source : Extrait d'un film de Jean Lafond pour le bicentenaire de Saint-Hyacinthe en 1948. Fonds CH367, Documents audio-visuels.

Version textuelle de l'audio

Permettez-moi d’attirer votre regard au bout du chemin qui se trouve devant vous. Remarquez-vous l’étrange petite cheminée tronquée et le bâtiment adjacent fait de briques rouges ? Il n’y a pas si longtemps, ces constructions faisaient partie intégrante d’une vaste usine de transformation du textile : la Goodyear. À vrai dire, la manufacture était si grande qu’elle s’étendait de la rue Vadeboncoeur à votre gauche, jusqu’au boulevard Laframboise à votre droite.   

Cet imposant bâtiment a logé des entreprises spécialisées dans la fabrication de textile destiné à la confection de produits en caoutchouc. Vous savez sans doute que Goodyear est un important concepteur de pneus automobiles. Quel est le rapport avec le textile, me direz-vous ?  

Un pneu est composé de plusieurs couches de caoutchouc, dont une qui est renforcée par des fibres de textiles. Dans ce procédé, les ingénieurs priorisent des tissus comme le nylon, l’aramide, le polyester ou le coton, qui possèdent des qualités isolantes et thermiques. Afin d’intégrer ces fils de tissus au caoutchouc des pneus, des ouvriers doivent transformer la matière brute dans des usines comme la Manhasset, établie à Saint-Hyacinthe en 1920 et rachetée par la Goodyear en 1926. Les bobines de tissus ainsi fabriquées sont ensuite exportées par train vers une autre chaîne de production qui s’occupe de confectionner des pneus et autres produits de caoutchouc.  

Cela dit, l’usine de la Goodyear n’est pas une simple manufacture de textile comme on en retrouve un peu partout au Québec à cette époque. En 1929, au moment de son agrandissement, elle représente près du tiers de la superficie totale des usines Goodyear au Canada. En 1946, la manufacture emploie près de 800 employés, dont 229 femmes, répartis dans sept départements différents.  Il s’agissait alors de la plus importante industrie établie à Saint-Hyacinthe. Mentionnons que le chanteur country Willie Lamothe, comme plusieurs autres jeunes Maskoutains, a fait ses premiers pas sur le marché du travail à la Goodyear. 

À cette époque, comme la plupart des grandes manufactures, la Goodyear déploie beaucoup d’énergie à développer un sentiment d’appartenance auprès de ses ouvriers. À cette fin, les entreprises organisent des pique-niques annuels et des dépouillements d’arbre de Noël. La Goodyear ira encore plus loin puisque dès 1930, elle publie un journal hebdomadaire intitulé le Clan du Wingfoot. Chaque numéro s’adresse spécialement aux travailleurs de Saint-Hyacinthe afin de relater les nouvelles de l’entreprise.  

Extrait de
Regard sur le patrimoine industriel maskoutain

Regard sur le patrimoine industriel maskoutain image circuit

Présenté par : Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe
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