Maison Pascal Desjardins | Lot 100

Il appert que Pierre Desjardins, un homme aux multiples mésaventures, ait construit cette maison entre 1806 et 1818. Toutefois, aucun devis manuscrit ne permet de le confirmer officiellement.

Pascal Desjardins (1781-1854) est à la fois cultivateur, aubergiste (ou tavern keeper), «postillon» et crieur public. Il a été sérieusement impliqué dans les événements de novembre 1838 sur la Côte de Terrebonne. Il a témoigné au procès en cour martiale des six Frères Chasseurs de Terrebonne accusés de haute trahison au début de mars 1839, à Montréal. Il a aussi répondu à un «examen volontaire», soit le 21 novembre 1838. 

Condamnation et menaces

Dans sa déclaration, Pascal Desjardins certifie que Édouard Gariépy, Augustin Landreman, Paul Gravelle et Joseph Roussin, qui pour sa part subit un procès en cour martiale au début de mars 1839 au terme duquel il est condamné à mort, ont menacé de le tuer et de brûler sa maison. 

Tribunal du 6 mars 1839

Le 6 mars, au cours de son témoignage devant le tribunal militaire, Desjardins affirme que Landreman et Gravelle ont essayé de lui tirer dessus, à deux reprises, mais leurs armes se sont enrayées, « les fusils ont percuté les amorces, mais les cartouche n’ont pas explosé » raconte-t-il. Desjardins refusait de suivre le groupe d’une trentaine de patriotes sous la conduite de Charles-Guillaume Bouc, qui, condamné à mort, est plutôt déporté en Australie avec Edouard-Pascal Rochon. 

Son frère, Michel Desjardins (1779-1847), avait aussi été impliqué dans les événements de novembre 1837. 

Janvier 1838

Le 14 janvier 1838, le dénommé Pascal Limoges affirme au juge de paix Roderick Mackenzie avoir reconnu Michel Desjardins parmi les personnes rassemblées chez Jean-Baptiste Roy dans la nuit du 14 novembre (1837). 

Ayant été informé par les « courriers », dont Michel Desjardins, de l’attaque des bureaucrates à Sainte-Rose, « mettant tout à feu et à sang », Roy préparait la résistance à une éventuelle attaque en dispersant les patriotes en petits groupes dans les rues du village. Limoges insiste sur le fait que Roy leur distribuait des bouteilles de whisky. Une grande foule s’était assemblée à la place du moulin, faisant beaucoup de bruit, insultant le seigneur Masson.

Pascal et Michel, ainsi que Pierre Desjardins (1766-1831) sont les fils de Paul-Jean Desjardins et de Marie-Josèphe Colin dit Laliberté (voir les points d’intérêt 11, 12 et 13).

Vous êtes devant la maison Pascal Desjardins, érigée sur la terre près de celle réservée au moulin; concédée en 1716 à Jean-Baptiste Robin dit Lapointe par Marie-Catherine de Saint-Georges, veuve du seigneur Louis Le Conte.

Il est plausible que Desjardins ait construit la maison entre 1806 et 1818. Or, aucun devis et marché pour le confirmer n’a été retracé. Érigée à l’est de la montée Desjardins, qui mène à Sainte-Anne-des-Plaines depuis le chemin royal, la maison a servi d’auberge aux voyageurs provenant de l’île Jésus et de Montréal ou de New Glasgow, au nord de la seigneurie.

D’inspiration néoclassique, sa toiture à 4 versants en croupe est percée d’une lucarne à pignon, qui a remplacé une lucarne en appentis. Elle s’élève sur deux étages. Sa façade principale est constituée de pierre de taille, avec chaînes de coin, et les 3 autres sont de moellons. On observe une grande galerie couverte avec une balustrade à colonnes. On compte 6 fenêtres à l’avant, 4 à l’arrière et 4 dans les murs latéraux. Un tambour de construction récente permet d’accéder à la cave. À l’étage, le balcon a perdu sa balustrade.

La montée passait entre la maison de Pascal Desjardins et celle de son frère Pierre (à gauche, avec toiture beige), dans la ligne d’arbres séparant la terre en culture du développement domiciliaire Domaine des Mille-Îles.  

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